En avril 2024, Agissons! a lancé la campagne «Nos Transports Publics», dans le sillage d’une mobilisation collective d’envergure, aux côtés d’actif-trafiC, de l’Association transport et environnement (ATE) et de nombreuses organisations progressistes. Ensemble, dans un large front unitaire, nous avons remporté une victoire historique contre l’extension des autoroutes, rejetée par 52,7% des votant-e-s en novembre dernier. Dans le même esprit, un comité unitaire vaudois a proposé un tarif symbolique de 40 francs par an pour les transports publics régionaux, contournant ainsi l’impasse juridique face aux initiatives cantonales annulées les unes après les autres. Mais, là encore, le projet a été refusé, jugé «anticonstitutionnel».
Préoccupations populaires
Pendant ce temps, Agissons! poursuivait un travail essentiel: le lien avec la population. Plus de 20 000 conversations ont été menées sur le terrain. Le constat est unanime: «je suis dépendant-e de ma voiture», «je ne peux pas me loger près de mon travail», «les transports sont inaccessibles», «il faut baisser les tarifs!». Voilà ce que nous disent les gens. Une parole ignorée par les autorités comme par les technocrates. En trois décennies, les tarifs des transports publics ont presque doublé, tandis que les coûts liés à la voiture individuelle ont stagné. Aujourd’hui, l’Union des transports publics annonce une hausse de 30% d’ici dix ans. Dans un contexte d’austérité, cette augmentation sera directement répercutée sur les usagers-ères: explosion des prix des billets et abonnements, projets stoppés, infrastructures dégradées et conditions de travail détériorées pour le personnel.
Initiative fédérale
Face à cela, Agissons! propose de franchir un nouveau cap: une initiative fédérale pour construire un droit à une mobilité libre, équitable et responsable. Elle vise à réécrire l’article 81a de la Constitution, afin de fonder une politique publique ancrée dans la durabilité forte et la justice sociale. Ce serait la gratuité pour les trajets du quotidien – travail, soins, proches, loisirs – et un abonnement à 400 francs par an pour les grandes lignes. Il s’agira aussi d’assurer une desserte cohérente, équitable, de qualité et accessible dans toutes les régions, de soutenir le report de la voiture vers les transports collectifs, de développer un autopartage collectif et de sanctuariser le caractère public et non privatisable des transports.
Pour rendre cela possible, un fonds d’investissement public massif serait créé, géré démocratiquement par les usagersères, salarié-e-s et collectivités publiques. Il serait alimenté par des mesures fiscales justes: fin des niches fossiles, contribution des (grandes) entreprises, taxes sur les SUV et véhicules de luxe. Principe simple: plus gros pollueur, plus gros payeur.
Utopique? Non. Nécessaire, réaliste, urgent. Ce que les classes dirigeantes déclarent «irréalisable» est en réalité le seul chemin pour une écologie populaire. Nous sommes la majorité sur laquelle tout repose. C’est notre force politique.
L’initiative est en cours de rédaction et sera lancée au printemps 2026. Elle doit vivre dans les partis, les syndicats, les collectifs, mais surtout entre les mains de toutes celles et ceux qui veulent en faire un commun politique. Un comité citoyen est en formation pour porter ce combat de la récolte à la votation – et au-delà. Car rien ne viendra d’en haut. Pas même cette initiative. C’est à nous d’agir: dans nos lieux de vie, de travail, de formation. Fédérons-nous. Et agissons!