Ce mardi 19 novembre 2024, des sympathisant·es et des membres d’AG!SSONS, mouvement citoyen en faveur de la protection et l’extension des communs, se sont réuni·es pour déposer l’appel de sa plateforme NosTransportsPublics.ch soutenue par près de 4’000 personnes. Ils et elles ont fait entendre les centaines de doléances de citoyens et citoyennes ayant répondu à l’appel “Oui à des transports publics accessibles et abordables en Romandie, NON aux nouvelles autoroutes inutiles, destructrices et hors de prix” devant la gare CFF de Lausanne.
« C’est si clair en allant à la rencontre de la population, les gens en ont marre ! Les prix des transports publics sont aberrants. Il faut un changement maintenant ! » exprime Laure Delory de Fribourg, chargée d’organisation pour AG!SSONS.
Dans le cahier de doléances présenté à la presse et qui sera transmis à certaines autorités politiques, on y retrouve des besoins particuliers comme des besoins plus collectifs ; Cyril de Savièse, Julie de Ogens, Marie-Madeleine de Lausanne, Cristina de Romont, Mauro de Genève, Lucile de Courtételle, toutes et tous ont réclamé la même chose : “Une baisse des prix !”. Ces considérations financières sont exprimées dans la vaste majorité des témoignages, notamment par des personnes à la retraite comme Danuta d’Arnex-sur-Orbe qui dit “qu’avec notre budget AVS, l’abonnement général est beaucoup trop onéreux!!!” ou Léonie, bénéficiaire de l’AI à Cheseaux-Noréaz qui affirme que “cela l’isole énormément”. Une baisse des prix certes “mais ça ira avec une revalorisation des métiers du secteur !” scande Tiago de Vevey. Pour Lucile de Courtételle, cela doit aller avec une “augmentation de l’offre ! Et des trains plus fréquents et plus tard le soir !”. “La deuxième classe est toujours bondée et la première classe toujours à moitié vide” selon Maria de Zürich. Thomas de Lausanne lui répondrait qu’il faudrait “remplacer certaines rames de 1ère classe par des wagons vélos” ou pour avoir de “l’espace pour déplacer du matériel” selon Ivan ou encore, comme le souligne nombre de commentaires, dont celui de Loris pour aménager “des sièges plus larges” et plus généralement “améliorer les infrastructures pour les personnes en situation de handicap”.
C’est bien pour répondre à certains de ces besoins qu’AG!SSONS et le comité pour des transports publics gratuits vaudois ont conçu et déposé une nouvelle initiative populaire cantonale “Pour des transports publics à prix abordables” en avril 2024, afin de proposer un abonnement à 40 CHF par an en s’alignant sur le prix de la vignette autoroutière. Cependant, le Conseil d’État a décidé d’invalider ce nouveau projet d’initiative, sans même essayer de définir la notion juridique de “part approprié”, ce qui empêche de pouvoir construire un projet cantonal crédible et constitutionnel.
S’il va sans dire qu’AG!SSONS et le comité pour des transports publics gratuits vont prochainement faire recours auprès de la Cour constitutionnelle vaudoise, le processus promet d’être long et incertain, ce qui compromet grandement le lancement d’une initiative pour des transports publics à prix abordables au printemps 2025.
Vers un projet d’initiative fédérale?
Face à cette situation d’impasse juridique et politique à une échelle cantonale, AG!SSONS souhaite ouvrir une porte supplémentaire en envisageant désormais le lancement d’une initiative populaire fédérale “Pour des transports en commun gratuits, publics et de qualité” en maintenant l’horizon au printemps 2025.
Le projet d’initiative populaire fédérale se composerait de 3 axes :
- Instaurer la (quasi) gratuité des transports publics régionaux dans chaque canton, en biffant notamment les incompatibilités constitutionnelles ;
- Financer et compléter ces mesures par un plan d’investissements publics qui soit massif et solide, afin d’améliorer l’accessibilité du réseau de transports en commun où c’est nécessaire et d’assurer la qualité de la desserte actuelle par l’entretien des infrastructures actuelles, ainsi que de maintenir et faire progresser les conditions de travail des salarié·es du secteur ;
- Faire des transports collectifs un véritable service public géré en commun.
« Le peuple doit avoir le dernier mot sur le sujet ! Si ce n’est pas les cantons, cela sera par la Confédération. Les colères et les espoirs de la population doivent pouvoir s’exprimer et incarner un changement, quoi qu’il en coûte pour les élu•es et les organisations se satisfaisant du statu quo » affirme Steven Tamburini, organisateur et porte-parole d’AG!SSONS.
Pour en savoir plus sur les axes qui sont envisagés pour faire baisser drastiquement le prix des transports publics et financer ce projet, les habitants et habitantes de Suisse sont invité·es à se prononcer sur les options qu’ils et elles préfèrerent en cliquant sur le bouton suivant :
Et dans l’immédiat? Augmentation inéluctable ou baisse des prix?
Depuis plusieurs mois, il semble quasiment certain qu’une augmentation des prix des transports publics va venir percuter la population en 2026 et au-delà… alors même que les prix des transports en commun ont déjà doublé en près de 30 ans et que les coûts devraient augmenter d’environ 30% selon l’Union des Transports Publics. Des coupes budgétaires sont déjà annoncées pour les trains de nuit et certains cantons se voient contraints de couper certaines lignes faute de soutien de la part de la Confédération.
Qui va payer l’addition d’une telle politique ?
« La situation de blocage concernant le prix des transports publics est scandaleuse ! C’est une telle augmentation des tarifs qui devrait être attaquée et déclarée anticonstitutionnelle » s’insurge Alexandre Copertino, volontaire de Collombey pour la campagne Nos Transports Publics.
C’est pourquoi, le mouvement AG!SSONS, dans le respect des souhaits des milliers de signataires de l’appel, enjoint les entreprises de transports publics, les communautés tarifaires et les responsables politiques (dont le Surveillant des Prix – M. Stefan Meierhans) de prendre des mesures immédiates dans la perspective :
- D’établir un moratoire sur l’augmentation des prix des transports publics ;
- D’octroyer des budgets fédéraux, cantonaux et communaux conséquents pour permettre l’amélioration des infrastructures et également une baisse forte des prix des transports en commun.
Sans démonstration de mesures drastiques prises en ce sens, le mouvement continuera sa montée en puissance et prendra les dispositions nécessaires à la réussite de ces buts.